Rapport 2 : Autobiographie.

Un homme. Une trentaine d’année, des lunettes, une chemise. Une démarche assurée, un sac à la main. Il marche très vite n’empêche. Son dos est plutôt grand, ses cheveux pas très longs. Qu’est-ce qu’il marche vite.. Ah! Il se retourne enfin à cette intersection. Il m’a remarqué. Que faire.. Que faire.. Un sourire tiens. Bof, il ne me l’a pas rendue. J’abandonne, il marche de plus en plus vite. 

Un jeune homme, je dirai entre 20 et 23 ans. Sympas sa petite casquette et sa veste tendance. Une petite boucle d’oreille.. Mais c’est qu’on fait attention à son apparence! Heureusement qu’il ne peut pas m’entendre. Depuis la sortie du métro il est plutôt calme et il marche en sachant où il va. Ca va faire 15 minutes et il n’est toujours pas arrivé à destination. Un peu d’espace sinon il va croire que je vais lui voler son Iphone6. Ouais pas mal la boutique où il vient d’entrer, mais ça reste que des articles pour homme. Je fais mine de l’accompagner? Allons-y. Oh bah finalement il l’a bien pris, il était surpris mais c’était un gars sympas. Je lui ai tout expliqué et oui, il l’a vraiment très bien pris Hugo.

C’est au tour d’une femme. Bien élégante, plutôt fine et très élancée. Elle fait un peu hautaine et regarde tous les gens de haut en bas. Elle vient de quitter son amie à la sortie de ce café. J’ai aussi quittée ce café d’ailleurs. Tiens, elle a mis ses lunettes, des Prada je parie. Elle à l’air d’avoir le goût de la “mode”. Je n’étais jamais passé par là, et plus on marche plus il y a moins de monde. Rue Sainte Elisabeth? Effectivement jamais venue. Elle s’arrête devant un immeuble et sort des clé. J’attends quelqu’un que je lui dit, il habite au même endroit que vous que j’insiste. Même pas qu’elle me propose d’attendre au hall d’entrée. Au revoir Madame. 

Au tabac, je suis passée après cette homme plutôt grincheux. Il n’est pas spécialement pressé et m’interpelle tout de suite en me demandant si il n’avait pas oublié quelque chose au tabac. Il se demande alors pourquoi, et se dit que finalement si il avait oublié de la monnaie, personne ne serait venu le lui rendre, que dans le monde d’aujourd’hui les gens sont assaillis par l’argent. Je discute avec autour d’une cigarette et je ne suis pas déçue finalement.

Cette jeune fille, semble perdue. Une blonde, avec des chaussures à grosses semelles. Elle cherche, fouille dans son téléphone et ne fait que regarder autour d’elle. Elle vient de prendre cette rue au moins 3 fois. Avec mes lunettes de soleil je pense qu’elle ne peut pas me voir. J’en suis même sûre. Oh bah non, elle s’est au moins retourné 2 fois pour me fixer d’un air offusqué tout en continuant d’être perdue. C’est possible ça? Il semblerait que oui. Elle finit par demander son chemin, et moi je l’attends là. Comme une folle qui reste immobile dans la rue. Elle finit par me regarder bizarrement pour me fusiller du regard puis elle s’en alla. Pas très agréable cette Allemande. 

Il est devant moi depuis la gare Saint Lazare. Qu’est-ce qu’il est pas mal, mignon et classe à la fois. Nous somme à Bercy et j’arrive toujours à le regarder. Il passe à un guichet LCL. Et puis maintenant il est au téléphone. Je ne savais pas que ça journée avait été si fatigante pour lui et qu’il n’a pas très bien déjeuné ce midi. Il a quand même papoté avec ses collègue et a un peu contrarié son patron en fin d’après midi. Il doit retrouver une Charlotte le lendemain matin et d’ailleurs il ne va pas tarder à arriver chez lui. C’est marrant, il croise son colloc qui vient de garer sa moto. Oui, je suis perdue, je ne suis pas du tout de Paris. Au fait, je suis une étudiante à la fac qui doit constituer un écrit sur un sujet choisi. Le miens étant de suivre les gens pour voir leur réaction. 

Comme expliqué un peu plus haut, en l’espace de 4 jours, je me suis amusée à suivre quelque personnes que ce soit dans la rue, à la sortie d’un métro, d’un café etc. Pour pouvoir voir leur réaction et bien évidemment connaître la mienne face à ce suivi d’une seule personne où notre attention est captivée. Je trouve ça intéressant comme approche stylistique et plastique pour constituer un extrait de roman autobiographique qui pourrait être très enrichissant.

Je me suis inspiré d’un des travaux de Sophie Call qui constituait une mise en scène de sa propre personne comme quelqu’un de suivi. Elle se faisait suivre exprès. Et ça m’a bien aidé pour mon sujet d’écriture. Les gens dans leur train train quotidien ont tous plus ou moins des réactions différentes. Pour quelque personnes, je prenais la peine d’expliquer ma démarche, pour d’autre c’était beaucoup plus difficile. Malgré ça, je n’ai pas eu de réel problème et je pense que si j’avais été un garçon et que j’avais suivie tous ces gens à la nuit tombée, très tard le soir, les réactions auraient été beaucoup plus différente. Surtout auprès des femmes.

J’ai bien aimé me relire car c’est réellement mon style d’écriture qui se reflète. On remarque que c’est de l’écrit plutôt rapide avec un langage plutôt ouvert et jeune tout en croisant des mots un peu plus formels. Tout ça a été écrit dans les 10 minutes qui ont suivi chaque expérience. C’était agréable d’effectuer ce travail car je n’avais pas envie de faire quelque chose de banal en utilisant les formes les plus connues de l’autobiographie. Car même si c’est mon quotidien qui en ressort, les autres individus font également partie du projet et l’aide à progresser.

Et vous? Que feriez vous si vous étiez suivi?

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