Interroger la pratique de l’exposition de soi à travers le Workshop de Manon Giacone

Durant le workshop de Manon Giacone, il nous a été demandé de capter au sein de l’université une ou des images qui relèverais selon nous de l’intime.

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J’ai cherché au sein de l’université des espaces qui pourrait être intime (espace vide, réduit, à l’écart, silencieux, fermé) près d’espace commun (espace avec circulation, espace environnent, espace fermé). Deux espaces opposés qui partageraient le même espace le temps d’une photo. Cet effet est rendu possible grâce à un jeu de reflet sur les vitres. Le flou permet de créer un trouble du fait que l’on ne distingue plus la frontière entre l’espace qui se veut intime et l’espace commun.

La vitre est-ce qui sépare les deux espaces et ce qui en même temps permet de les rassembler. On ne sait plus ce qui est intime ou à la volonté de l’être, finalement la frontière n’est plus clairement définie. Il a de même une forte volonté de voyeurisme à travers le filtre de la vitre.

Les photos sont comme l’intrusion de l’espace commun vers l’espace intime qui rappelle les volontés voyeuristes et intrusives de la pratique de l’exposition de soi. J’ai donc voulu réinterroger les enjeux de l’exposition de soi à travers le travail effectué durant le Workshop de Manon Giacone.

L’espace commun est vu comme ce qui fait partie de la sphère publique, de ce qui dévient commun par le partage, par contradiction l’espace intime est vu comme ce qui fait partie de la sphère privée, de ce que l’on partage.  La vitre fait appel au filtre par lequel l’information passe (réseaux sociaux, plateformes…).

Par le fait de s’exposer, on cherche à avoir une approbation de l’image que nous renvoyons aux autres ; le meilleur moyen d’y arriver reste le partage sur les plateformes sociales qui permettent le plus de vues en un temps réduit.

L’exposition de soi permet de combler des insécurités. Il y a une réelle ambiguïté dans le fait de partager notre espace intime. On a peur du jugement, mais on l’appelle en cherchant constamment des « likes », des « followers ». De ce fait s’exposer permet de nous rassurer et de renforcer sa confiance en soi. Si tenter que ce retour soit positif. C’est bien connu, on se voit à travers les autres.

A long terme, partager ses photos est devenue un besoin et une nécessité qui se rapporte à une norme. Finalement ne pas le faire renvoie en partie à s’exclure d’un processus d’intégration du fait d’une non-adaptation. Ne pas le faire appel même une certaine forme d’interrogation et d’incompréhension de la part des autres.

Alors qu’il devrait permettre de s’ouvrir et de se libérer, le partage est devenue un processus « contrôle freak ». Le contrôle des images que nous postons, de ce que nous disons, de ce que nous faisons. Une obsession qui permet de se construire un autre soi idéal, une meilleure version virtuelle de nous-même.

Utilisée en excès, cette pratique peut avoir des conséquences perverses. Où s’arrêter ?  Jusqu’où va la limite de ce que nous partageons ? A force de partage, on ne distingue plus ce qui est du domaine public et du domaine privé L’image intime que j’expose aux autres devient accessible de tous et de ce fait, donné à voir au plus grand nombre.

L’intime est de moins en moins caché, mais de plus en plus montré.

 

 

 

 

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