Rapport 3: Réflexion sur l’utilité de l’exposition de soi “artistique” à l’époque des médias mobiles.

Précédemment, nous avons étudié ce qu’était un média mobile, nous avons également vu la question du narcissisme contemporain qui découle de la démocratisation de l’exposition de soi. Nous savons alors que cette nouvelle façon de s’exposer est liée au virtuel, à l’avènement des réseaux sociaux et à la technologie qui se met à la portée d’une très large portion de la population. Alors né, ce sentiment, que nous sommes tous connectés. Nous, individus lambdas, nous avons la possibilité de nous montrer, partager ce que nous cultivons dans l’espoir d’une singularité, d’une identité, d’une reconnaissance. La technique nous offre aujourd’hui la possibilité de nous faire connaître, et surtout de faire connaître ce que l’on souhaite, de manière très simple, grâce à des espaces virtuels mis à notre disposition. Ces espaces sont des lieux d’exposition, des vitrines de nous même, libres, ouvertes sur le monde et accessibles à presque tous. Tout ceci constitue évidemment une aubaine pour les artistes (émergents ou non) en quête de visibilité auprès d’un public d’une grande étendue. Le réseau social par exemple, permet même une sorte de proximité, une sorte de familiarité entre l’artiste et son public. La communication va même au delà de la simple présentation ou représentation artistique. On peut alors voir des mondes se brouiller lorsqu’un artiste professionnel s’approprie la technique de l’autoportrait la plus populaire qui soi: le « selfie ». C’est le cas par exemple de Ai Weiwei qui n’hésite pas à apparaître dans ses photographies: torse nu, iPhone à la main et en face de lui, comme pour se prendre dans un miroir. L’artiste devient alors un individu ordinaire parmi les autres, tendis que l’individu ordinaire peut toucher du doigt la notoriété en se prêtant au jeu de l’artiste qui s’expose aux inconnus qui prendront ou non l’oeuvre et l’information partagée. Renforçant ainsi cette idée que n’importe qui peut prétendre faire de l’art. Sarah Urist Green, conservatrice de musée, dit d’ailleurs à ce propos: « les motivations de base et le potentiel d’expression sont les mêmes. Je ne dis pas que tous les selfies sont de l’art, surtout pas, mais je dis juste qu’il n’y a pas une réelle différence de nature entre un autoportrait photographique réalisé par un artiste et un selfie lambda ». L’individu quelconque perçu comme un artiste, c’est un point de vue défendu par certains espaces où s’exposent traditionnellement l’art. On citera alors la Saatchi Gallery et sa récente exposition « From Selfie to Self-Expression », qui confronte les autoportraits les plus emblématiques de l’histoire de l’art (Rembrandt, Cindy Sherman, Frida Kahlo ou encore Van Gogh) à des selfies réalisés par le commun des mortels. Cette technique de l’autoportrait, démocratisée, mise à la portée de l’amateur, tend à évoluer dans le but de correspondre au besoin narcissique de s’exposer soi-même. Ainsi, des entreprises comme Huawei (très présente dans la sphère de la photographie d’art) ou encore Apple, tendent à commercialiser de meilleurs outils (mobiles) de création, améliorant ainsi l’outil photographique du téléphone ou de la tablette, optimisant également les fonctionnalités qui permettent le partage d’informations virtuellement, etc. De plus, ces deux entreprises développent des ateliers permettant à n’importe qui d’apprendre à faire des « selfies » plus créatifs et plus maîtrisés. Ainsi, la technique ne s’adresse plus seulement aux artistes, mais aussi aux amateurs. Nous pouvons alors nous questionner sur notre potentiel place au sein de l’histoire de l’art contemporaine.

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