Rapport n°10 : Le Cosplay

Ayant déjà écrit un dossier sur le cosplay, et le pratiquant depuis 5 ans maintenant, je me permet de le remettre ici.

Pour ce qui est de la question de l’exposition de soi, je pense que cela en fait clairement parti, et j’en suis la première concernée. En effet, le cosplay est un moyen de partage, et de nombreux sites permettent d’exposer ses costumes à travers le monde, comme :

http://www.cosplayforum.com/ (site communautaire francophone)

http://www.cosplay.com/

http://en.curecos.com/

http://worldcosplay.net/

http://www.deviantart.com/

et de nombreuses pages facebook, dont voici la mienne : https://www.facebook.com/pichucosplay

Et celle de quelques cosplayers “connus’ et talentueux :

https://www.facebook.com/yayacosplay (américaine)

https://www.facebook.com/Pikminlink (américaine)

https://www.facebook.com/Nikitacos (française)

https://www.facebook.com/Miyuko.FanPage (coréenne)

https://www.facebook.com/pages/Shoko-and-J%C3%A9r%C3%B4me-Cosplay/124616937656399?ref=ts&fref=ts (français)

etc

Le « Cosplay », qu’est-ce que c’est ?

Pour commencer, il est temps d’expliquer ce terme un peu barbare. « Cosplay » est donc un mot-valise anglophone composé des termes « costume » et « playing ». Il s’agit donc d’une pratique qui consiste à jouer le rôle d’un personnage (souvent issus de mangas, jeux vidéos, films, chanteurs/groupes musicaux asiatiques, comics, etc… il n’y a aucune limite de source !) en imitant leurs costumes, accessoires, attitudes, caractère, … le plus fidèlement possible. Les pratiquants de cette activité sont appelés « cosplayers », l’équivalent français de ce terme est ‘costumade’ et défini comme : « activité consistant à se costumer en personnage de fiction… », source GDT. Les termes costumadier et costumédien ont aussi été proposés comme équivalents français de cosplayer au cours du même mois.

 

Très courante au Japon, cette pratique n’est pas rare aux États-Unis ou en Europe lors des conventions et autres festivals de mangas ou de science-fiction. Née aux États-Unis dans les années 80, et créée originellement par les fans de Star Trek puis de Star Wars qui se costumaient en personnage pour la sortie des films, elle a connu une très grande expansion au Japon, pays qui organise désormais le « World Cosplay Summit », une des plus grande rencontre attendue par les cosplayers du monde entier, mais également en France ou le nombre de cosplayers ne cessent de s’accroître chaque année, avec la popularisation des ‘mangas’ pour lesquels la France est le 2eme consommateur mondial.

 

La motivation principale est sans nul doute l’amusement et le plaisir d’incarner un de ses personnages favoris pour certains, ou le plaisir d’affronter un défis techniques pour d’autres.         En réalité, il doit y avoir autant de raison de se cosplayer, que de cosplayers. Malgré tout, un point les réunis, une grande partie de ces cosplayers réalisent eux-mêmes leurs costumes, ce qui implique couture, bricolage, peinture, dessin, broderie, etc. Ce qui n’est pas chose aisé quand on sait que la grande majorité de ces personnes ne sont que des amateurs, et parfois même ne connaissent pas du tout les techniques artisanales nécessaires à réaliser un cosplay, et s’en remettent donc à leur ingéniosité. Ces nouveaux ‘acteurs’ d’un jour n’hésitent pas à se mettre en danger en recherchant des difficultés qu’ils n’osaient pas jusque lors. On peut aussi définir un cosplayer comme un mélange de plusieurs métiers : acteur, costumier, régisseur, maquilleur, interprète, danseur, habilleur…

  Différentes pratiques dans le monde

Le cosplay est donc une pratique répandue dans le monde entier. Il existe de plus en plus de cosplayers partout dans le monde, malgré tout, différents courants se font ressentir, souvent dû à une situation géographique et sociale.

Japon

                              ©KANAME                                        Lavi Bookman

            ©KANAME cosplayer japonais incarnant le personnages de Lavi Bookman du manga D.Gray-Man

Le cosplay japonais, qui a émergé dans les années 1990 n’est, contrairement à une idée reçue, pas le pionnier en la matière. Mais, le cosplay au Japon reste celui capable de présenter le plus de participants lors des plus grands salons. Il met particulièrement l’accent sur le modèle et ses poses qui doivent se rapprocher de l’apparence et des poses du personnage original (cf : photos ci-dessus, d’un cosplayer très renommé, invité en France lors du dernier salon « Japan Expo »). Pour les japonais, il est vrai que l’apparence physique est un élément important. De ce fait, le cosplay est bien plus basé sur l’image que sur la performance que dans les pays occidentaux, et donc la question de faire ou acheter son costume y est plus secondaire. Il existe même un véritable marché commercial de costumes en prêt-à-porter ou sur mesures. Par contre, le cosplay reste une activité marginale souvent mal perçue par le Japonais moyen.

 

Aussi, les cosplayers ne participent pas à des concours, mais ils ont accès à des espaces réservés, et ne circulent sur le salon même qu’à condition de ne pas se faire photographier à l’intérieur, pour ne pas risquer de déranger les visiteurs non cosplayers. Les espaces qui leur sont réservés leur permettent d’être photographiés à volonté par des amateurs et des professionnels. L’échange de cartes de visite mentionnant les sites Internet de chacun est un procédé très répandu entre photographes et cosplayers. Il existe aussi des lieux publics tels que les quartiers de Tokyo comme Harajuku ou Shinjuku qui sont également réputés pour accueillir le weekend, et principalement le dimanche, quelques personnes en costume.

 

Le « World Cosplay Summit » est le seul évènement cosplay au Japon qui comprend un concours. Et pour ce concours, il est en effet interdit de porter des costumes ou des parties de costume achetés, il faut que le costume soit entièrement fait par les mains du cosplayer. Nous y reviendrons plus tard.

Etats-Unis

 

©Consplayer.com & Pikminlink.com
Pikminlink, cosplayer (ou plutôt « cosplayeuse ») américaine réputée,

incarnant le personage de Link du jeu vidéo The Legend of Zelda : Ocarine of Time

 

Il ne faut pas oublier que les Etats Unis sont les créateurs de ce phénomène. Un jour de juillet 1939 à New York, où s’ouvrait pour la première fois la World Science Fiction Convention sur le thème « Le monde de demain ». Un homme, éditeur de magazines SF et agent littéraire, s’y présenta en homme du futur dans un costume imaginé et réalisé par sa petite amie de l’époque : Myrtle R. Douglas. Cet homme s’appelait Forrest J Ackerman et était le créateur de la sulfureuse Vampirella et du terme « Sci-Fi ».

 

C’est dans les années 60 et 70 que deux œuvres majeures de la culture Science-Fiction permirent au « costuming » de gagner ses lettres de noblesses : des fans reproduisaient à la perfection les costumes de Spock, Kirk ou Vador pour des projections ou des « masquerades » sous le regard perplexe de l’Amérique puritaine de l’époque.

 

C’est pendant l’édition de 1983 du Los Angeles WorldCon que Takahashi Nobuyuki, un journaliste japonais perdu dans la foule des visiteurs, décida que décidément ce mot de « masquerade » ne convenait pas ! Fort de cette habitude qu’avaient ses compatriotes de créer des mots-valises (mot composé de deux autres mots comme Pokemon pour « POCKEt-MONster »), il décida de renommer ce qui serait l’un des hobbies les plus caractéristique de la culture Geek « COSPLAY » pour « COStume » et « PLAY » ou littéralement « jouer en costume ».

 

Aujourd’hui, le cosplay semble plus volontiers tourné vers la création de costumes relativement originaux d’inspiration steampunk, ou futuriste, avec l’existence de concours se basant souvent sur la qualité, l’originalité du costume ou même sur prestation scénique. Évidemment, aux USA, les cosplays de comics sont clairement plus répandus et populaires. Il existe des concours de cosplay, mais les simples défilés restent plus courants pour pouvoir montrer son costume.

Europe

Le cosplay en Europe, et plus particulièrement en France et en Italie, est plus basé sur la compétence artistique. La qualité du costume est un point primordial, car il existe de nombreux concours de costume. Les cosplayers se retrouvent donc sur scène devant un public durant quelques minutes, avec pour seul mot d’ordre, faire une prestation originale.

 

L’ambiance dans ce genre de manifestation reste très bon-enfant, le but n’est pas de gagner, mais surtout de se faire plaisir en partageant sa passion, et en ayant sa petite minute de gloire. Il faut aussi dire que certains cosplayers ne participent jamais à ce genre de concours, et font ce que l’on appelle du « cosplay libre » c’est à dire, ils paradent dans les allés des salons, ou vont sur des scènes prévues à cet effet.

 

Ce qui caractérise le cosplay européen est sans nul doute le « fait-maison », en effet, les cosplayers réalisent eux-mêmes leurs costumes et accessoires, parfois pour un rendu spectaculaire. Et il ne faut pas oublier que cela reste amateur, et que chacun y trouve son compte, certains dans des costumes plus complexes à réaliser que d’autres.

 

Les costumes achetés n’ont pas le droit de faire parti des concours sur scène, car la notation comprend la qualité de réalisation des costumes. Mais il n’y a pas que ça, ils sont aussi noté sur l’originalité du costume, sa fidélité par rapport à l’œuvre d’origine, son interprétation, sa prestation scénique et son allure général. Certains prix sont décernés en fonction des prestations scéniques, des costumes, ou des coups de cœur du public.

 

De plus, depuis quelques années, certains voient le cosplay comme un moyen de se faire de la publicité à peu de frais. Ainsi, des cinémas font rentrer gratuitement les spectateurs qui viennent déguisés lors de la sortie d’un de leur oeuvres (comme Star Wars, Batman, Final Fantasy ou encore pour la sortie du manga Kuroshitsuji –comme on peut le voir sur la photo de la soirée spéciale sur la 2nd page-). D’autres enseignes organisent même des concours ou des animations autour du cosplay.   

  Des artistes se prêtent au jeu

Pour ne citer qu’eux, il existe quelques artistes qui s’intéressent au cosplay. Ce dernier devenant de plus en plus populaire, et permettant d’exprimer différents arts de multiples façons, il est donc normal que certains artistes s’y intéressent.

  • Cao Fei 曹斐

Cao Fei est une artiste Chinoise connue pour ses installations multimédias et vidéos. Ses travaux reflètent le changement rapide et chaotique de la société chinoise aujourd’hui. Elle a donc décidé de mettre en scène certains cosplayers dans des décors adéquats à leur costume, dans un but de montrer que ces jeunes chinois qui cosplays ont trouvé un moyen de s’échapper à la dure réalité de leur pays pour quelques instants.

 

  • Eugénie Chidlin

 

Auteur du célèbre livre Cosplay, elle a voulu montrer par ce livre une vision bien à elle du cosplay. C’est à dire présenter une image uniquement féminine, et très glamour du cosplay, et pour illustrer cet album, elle fit appel à Andy Julia, photographe de mode de talent, pour je cite : la douceur et la volupté qui émane de ses œuvres.

« Je voulais montrer à quel point le cosplay est un art à part entière. Un art complexe, vivant, protéiforme, en constante évolution… et, par-dessus tout, en constante ébullition.
Un art où l’on devient tour à tour concepteur, costumier, scénographe et acteur de son propre rôle. Or les médias ont longtemps propagé une image fausse des cosplayer, les montrant comme des adolescent attardés ou des adultes en marge de la société, fans de manga et de violence, passant le plus clair de leur temps à jouer à des jeux en ligne dans un univers virtuel idéalisé, et à fabriquer des costumes en carton-pâte. Bien qu’il se voit démocratisé ces dernières années, le cosplay reste encore une activité incomprise et marginale pour la plupart des gens. En tant que cosplayeuse, je trouvais qu’il était grand temps de tordre le cou aux idées reçues… »

Ayant eu la chance de pouvoir participer à ce livre, il est donc clair que je partage la vision de cet auteur. On peut donc voir le cosplay comme un moyen d’exprimer la féminité qu’on n’oserait pas dans la vie de tous les jours. Bien sûr, chaque personne y trouve son interprétation personnelle, mais pour moi, comme pour Eugénie Chidlin, il aide à accentuer sa féminité, et à également s’affirmer en tant que femme.

  Plusieurs lieux pour se cosplayer

Il faut savoir aussi que le cosplay reste un art très discret, il ne s’agit pas d’une tendance vestimentaire mais bien d’une passion occasionnelle. Les cosplayers ne s’habillent pas de leur costume pour aller travailler, mais il existe des salons et des concours spécifiques à cet effet.

On citera principalement le salon « Japan Expo » qui réunit le plus grand nombre de cosplayers en France chaque année et qui accueille les préselections françaises pour le concours international « le World Cosplay Summit ». Mais il en existe d’autre comme Paris Manga, Otaku-con aux Etats Unis, ou le Tokyo Game Show au Japon.
Le World Cosplay Summit

 

Le World Cosplay Summit (WCS) est un concours qui réunit une dizaine de binômes sélectionnés dans divers pays à travers le monde. La France en fait partie depuis la première édition (qui date de 2003) et continue toujours.

Le World Cosplay Summit se déroule tous les ans début août à l’initiative de la télévision Aichi Television Broadcasting. Ce concours récompense depuis 2006 le meilleur binôme de cosplayers dans un concours international. En 2003 et 2004, ce n’était qu’un sommet réunissant deux cosplayers de différents pays. Ce n’est que depuis 2005 que le sommet est devenu un concours (cette année-là, 4 personnes furent invitées pour chaque pays, à l’occasion de l’exposition mondiale qui se tenait à Nagoya).

Ce concours est limité aux personnes majeures (18 ans ou plus). Il est à noter que ce concours répond aux exigences commerciales imposées par la chaine organisatrice, ce qui explique la quasi absence d’hommes et la sur-représentation des costumes “courts”. Ce qui n’est pas propre à représenter les différentes variantes régionales de la pratique du cosplay.

Le travail en amont

Il ne faut pas oublier que le cosplay, pour une grande partie des cosplayers, prend beaucoup de temps de préparation en amont.
Non seulement le costume doit être réalisé main, le plus souvent et pour les concours, à l’aide de la couture, du bricolage, de la peinture, etc. La plupart des cosplayers étant amateurs, il est donc très compliqué de s’attaquer à des domaines que l’on ne connaît pas. C’est le cas le plus souvent pour la couture, les cosplayers se lancent avec plus ou moins d’expériences, et plus ou moins de réussite. Il existe donc plein de tutoriaux sur internet qui permettent de se lancer dans l’aventure. Il y a donc un grand réseau communautaire qui aide les débutants ou confirmés. La couture est donc une étape à surmonter pour certains, ou à apprécier pour d’autre. Il faut donc découper son tissu, tracer des patrons, faire des points à la main, à la machine, etc. La difficulté varie en fonction des personnages choisis.

Il faut aussi prendre en compte la récupération du plus d’images possibles des costumes, c’est à dire, revoir les films/séries pour étudier les costumes sous toutes les coutures, et pouvoir le réaliser le plus fidèlement possible. Aussi, aller sur les sites officiels, qui permettent de voir les « chara-design » des personnages, ces planches que les artistes utilisent comme ‘référence’ pour reproduire leur personnage tout au long de leurs séries. Voir, chercher les commentaires des auteurs pour savoir comment ils voient leurs personnages

Il y a aussi beaucoup d’autres techniques dont ils nécessitent pour réaliser un cosplay comme le bricolage. Il y a une matière un peu « miracle » qui permet de réaliser beaucoup d’armure, et de pièces imposantes, pour des mascottes par exemple. Il s’agit d’une mousse souple et très légère qui est donc très facile à utiliser, et peu coûteuse, utilisé à la base comme tapis de gym. Il y a de nombreux dérivés comme le plastazote, la créamousse, l’evazote, etc. Grâce à cela, on peut réaliser des costumes, avec un traitement de peinture adapté, comme suivent :

Le rendu est souvent épatant, à la limite du professionnalisme. Le travail sur ces costumes est très important, il faut compter plusieurs mois pour réaliser un costume aussi détaillé.

Enfin, il est important de parler de la partie « playing » qui nécessite elle aussi beaucoup de travail avant la représentation. Certains choisissent de réaliser des prestations de quelques minutes sur scène en incarnant leur personnage. Il est donc évident que connaître son personnage et son caractère est important pour l’incarner. Comme pour des acteurs, il est important d’étudier le « rôle » pour pouvoir se mettre dans sa peau. Il faut donc également se renseigner sur le personnage, re-visionner les œuvres, essayer de reprendre ses mimiques et autres expressions. La réalisation de prestation scénique est aussi périlleuse, car il faut satisfaire un public, et rentrer dans les codes d’un personnage, et d’une série. Il faut donc rechercher certaines musiques, certaines scènes connues etc., bien que la prestation est libre, et que chacun a le droit à faire ce qu’il veut sur scène pendant quelques minutes.
Le travail en amont comprend donc une grosse part dans le cosplay, c’est pourquoi il est important de le souligner. Autant réalisation, que son immersion, sont importants et prennent des journées, voir des mois entier auparavant pour réaliser le cosplay le plus fidèle possible à son personnage.

 

 

 

Pour conclure, il faut affirmer que le cosplay n’est pas du lolita ou un style vestimentaire, surtout en France, personne ne s’habille comme ça quotidiennement, on pourrait rapporter ça au théâtre, il faut incarner un personnage pour un jour et ensuite changer.

 

About harmony.larcher

Je souhaiterai m'inscrire à ce cours car comme beaucoup, je me passionne pour le Japon depuis quelques années maintenant. Au début, je ne m'intéressais que très superciellement à cette culture, de par ses mangas, japanimation, jeux vidéos, etc Mais depuis quelques peu, je m'y intéresse plus profondement, j'ai même eu la chance de pouvoir partir au Japon cette année, j'ai donc pu y découvrir plusieurs pratiques déjà énnoncées dans le cours (Purikura, etc). Cela m'intéresse également, car pratiquant le cosplay depuis 2007 et fréquentant ce milieu régulièrement, je souhaiterai connaitre les facettes de cette pratique à la version japonaise, et pouvoir appronfondir les différences avec le cosplay français. Ce sujet est donc un sujet que je souhaiterai particulièrement approfondir lors de ce semestre.
This entry was posted in 10eme cours 07/12/12. Bookmark the permalink.