Récits d’une vie non-héroïque

Attente 

Il est 13h15, je suis en avance pour un rendez-vous dans un parc. Je m’assois sur un banc en attendant et fume une cigarette. Les nuages s’éparpillent et laissent le soleil m’éblouir, je plisse les yeux et regarde un passant qui nourrit des canards. Il est 13h25, je regarde les feuilles des arbres et allume une seconde cigarette. 13h35, elle est un peu en retard mais ce n’est pas dérangeant, je me lève et fait le tour de la mare pour patienter. J’écoute aussi les oiseaux chanter et les pas des personnes qui marchent autour de moi.
13h45 je me remets à fumer et ouvre et ferme la main gauche d’impatience , je me suis assis sur un autre banc et ai ouvert un livre. Là encore je me focalise sur les sons environnants, un petit monde avance dans une musique régulière. Après une heure d’attente où j’ai marché, lu, fumé et dessiné je me décide à rentrer chez moi. Elle n’est pas venue mais je serais au moins sorti de chez moi.

Chants d’oiseaux

dessinparc

Ballade d’odeurs 

Les premiers jours de printemps sont toujours agréables. C’est à cette période que je reprends le rythme d’’une ballade extérieur quotidienne. Je me souviens de certains de ces jours. Un jour j’ai tenté d’explorer olfactivement mon environnement, cela m’a donné un second « regard ». Les premières odeurs me sont venues dans les escaliers de mon immeuble, les marches en bois venaient d’être lavées, ainsi un parfum mêlant bois humide et produit d’entretient me parvint. Descendant les marches j’appréciais le mélange. La veille il avait plu, c’est pourquoi la cour de pierres était encore mouillée. Là encore un festival d’odeurs m’envahit. Au dehors aussi la pierre humide se sentait, accompagnée des expulsions de voitures. En passant dans des petites rues que je n’empruntais pas habituellement j’ai pu respirer des parfums de fruits frais, des poulets rôtis ruisselants de sauce, de petits pains en train de chauffer. Je marchais tête droite à flairer mon entourage, fermant les yeux par moments. Je me perdais ainsi dans les rues, dans mes pensées et dans mes perceptions.

dessincoure

 Surprise

La journée avait mal commencée : j’avais oublié mes crayons de couleur pour le cours de dessin ainsi que mon goûter. J’étais parti en hâte pour en plus arriver en retard à l’école, et donc me faire observer sous les rires et autres chuchotements lors de mon entrée en classe. Cela faisait un mois déjà que ma chienne, une beauceron (ou berger de Beauce), était malade et cela me troublait beaucoup ; à six ans il en faut peu et pour moi cela représentait déjà beaucoup. Dès ma naissance et même avant elle faisait déjà parti de la famille et je ne pouvais imaginer une vie sans elle. Marly (c’était son nom), était âgée de douze ans et boitait suite à une ancienne fracture. Tout ceci additionné avait fait de cette journée une journée inoubliable (dans le mauvais sens). Et encore, avant d’arriver chez moi après la fin de la journée je ne pensait pas que ça pouvait empirer.
En entrant je trouvait déjà bizarre de ne pas voir Marly se lever et m’accueillir dans toute la joie que peut exprimer un compagnon fidèle. Je m’étais figé en voyant ma mère les yeux rouges et humides de chagrin, j’avais peur d’avoir compris mais elle confirma toutes mes craintes. Marly très malade et affaiblie par le temps avait fait dans le journée sa dernière visite chez le vétérinaire. Je regrettais alors de ne pas l’avoir serrée dans mes bras avant de partir le matin, alors que je le faisais les autres jours. Cette “surprise” à mon arrivée fit s’envoler la mauvaise journée passée en éclats. Pendant le mois suivant mon frère et moi eurent du mal à nous concentrer à l’école, pleurants sous les rires et les moqueries les plus cruelles dont son capables les enfants.

 

Retrouvailles

On ne s’était pas vu depuis quatre ans. Même si je voulais la revoir je ne savais pas comment alors même que nous habitions tous deux la même ville. Nous avions gardé contact et nous parlions régulièrement. Nous avions déjà tenté plusieurs fois d’organiser des rendez-vous, mais jamais ils ne s’étaient concrétisé. C’est lorsque j’ai appris qu’elle avait réalisé les décors d’une pièce de théâtre que je me suis dit qu’une bonne occasion de se revoir se présentait. Elle allait être présente à certaines représentations, en allant voir la pièce j’aurais alors l’occasion de la rencontrer. Quand bien même la pièce ne m’aurait pas intéressé j’y aurais assisté juste pour la revoir. J’ai alors réservé une place à l’une des dates où j’étais sûr de sa présence. On s’était mis d’accord pour se retrouver devant le théâtre un peu avant le début de la représentation pour pouvoir parler de tout et de rien.
Le jour J j’arrivais an avance comme à mon habitude, elle aussi. Elle avait changé mais je la reconnaissais quand même : elle étais guérie de son anorexie et les 13 kilos qu’elle avait gagnés depuis notre dernière rencontre lui allaient à merveille. Même si nous ne nous étions pas vu longtemps, chacun était heureux d’avoir revu l’autre.
Je ne l’ai pas revue depuis bientôt un an et attends impatiemment la prochaine fois.

 

Voyage au cœur des limbes

Le passage au collège est une étape importante, On sors d’une classe où l’on est “grand” au profit d’une autre où l’on est “petit”. La plupart du temps cela s’accompagne de pertes d’amis qui atterrissent dans un autre établissement que le sien. J’entrais alors au collège ne connaissant que quelques personnes, dont mon frère qui y était entré l’année précédente. Tout y était différent que dans l’école primaire, surtout l’attitude des autres. Les élèves sont plus méchants envers les autres qu’avant, car ils veulent plaire à leur entourage et pour cela il faut écarter certaines personnes. J’étais alors à mes dépends dans la catégorie de ceux que l’on écarte. L’hostilité de mes “camarades” de classe m’apparut dès l’élection des délégués, où les insultes et autres appellations toujours plaisantes furent mises à jours lors des dépouillements. Cela en faisait rire beaucoup, même le professeur par moment qui ne réagit pas plus outre mesure. Depuis ce moment ce phénomène s’étendit aux autres classes, et je recevait ainsi de la part de personnes que je ne connaissait même pas diverses appellations ne donnant pas envie de rester dans ce collège. Mon masque d’impassibilité devait marcher puisque personne ne s’alarmait de mon état intérieur. Même si je paraissait paisible en extérieur, je bouillonnait d’une haine et d’une colère envers toutes les personnes s’adonnant à ce harcèlement. Ainsi ils ne savaient pas qu’en mon fort intérieur je voulais les voir souffrir, que s’il avait existé un quelconque pacte avec le diable j’aurais accepter de vendre mon âme pour les voir tous agoniser à mes pieds. J’aurais voulu voir tout espoir et toute envie de vivre quitter leurs yeux, et même si une once de regret les aurait effleuré, je les aurait détruit car ils le méritaient. Heureusement que quelques personnes que j’ai pu appeler “amis” étaient présentes, car ils on réussi à ma faire sortir de ce cycle de ires et d’envies sanglantes ; ils m’ont permis de remonter des limbes jusqu’à la terre ferme et ainsi de quitter une quasi dépression.

poupéevaudou   fort intérieur

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