(Cinq histoires). Eugène.

 Eugène  fume beaucoup, il se racle beaucoup la gorge. Il est grand, je le trouve grand, il est très grand, si grand que s’il ne savait pas se baisser je devrais me mettre sur pointes pour l’embrasser. Il faut dire que je suis petite. Toute petite et il m’aime comme je suis … toute petite et pleine de défauts. Il est passionné comme tous les artistes. Il est passionné entre deux regards obscènes. Il est obscène entre deux regards passionnés.  Sa voix est grave à cause de la cigarette. Sa peau envahie par les grains de beauté. Je lui dit que s’il en a autant c’est parce qu’il est très beau.

L’immeuble où il vit, dans le 3ème arrondissement, est très vieux et sonore. On y entend souvent les touristes qui louent l’appartement d’à côté chercher leur clé, on y entend le propriétaire de l’appartement d’à côté dire “have euh goude ouikend” aux touristes avec un accent très français, on entend les gosses de la méchante dame d’en haut courir dans les escaliers.

Dans son studio, trône un petit bocal où deux petites pieuvres dorment dans le formol. Restes d’un ancien cabinet de curiosité. Il dit que ce sont “ses fils” quand moi je trouve aux pieuvres, au grandes pieuvres adultes, quelque chose d’érotique. Sans les investir comme chose de purement érotique,  je les regarde comme de beaux spécimens.

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