5 anecdotes de voyages

La première colonie de vacances

J’avais très peur de l’inconnu quand j’étais petite. J’avais toujours besoin d’être dans un endroit familier, entourée par des proches.
J’avais donc assez mal réagis lorsque mes parents voulurent que j’aille en colonie de vacances à l’âge de six ans. Pour me rassurer, ils m’y envoyèrent avec mon frère alors âgé de 13 ans. Evidemment, nous n’étions pas dans les mêmes groupes, et je le voyais très peu. Mais peu à peu je réussis à m’ouvrir à l’inconnu, à me faire des amis et à m’amuser avec eux.
Je me souviens peu de cette première colonie, mais j’en garde un souvenir très précis en particulier. J’étais dans la piscine extérieure avec les autres enfants. Je nageai sous l’eau, et lorsque je voulu remonter pour respirer, je fus bloquée par un tapis en mousse.

Paniquée, je frappai le tapis aussi fort que possible, mais rien à faire, les personnes assises dessus ne le bougeaient pas. Je cherchai donc les bords du tapis pour pouvoir remonter, mais il était beaucoup trop large (ou bien j’étais trop petite, c’était sûrement les deux).
Finalement je m’appuyai les mains sur le tapis pour pouvoir me propulser droit devant moi, jusqu’à ce que je ne le sente plus au-dessus de moi. Je réussis à sortir la tête de l’eau, hors d’haleine.
Malgré cette première expérience du voyage et de l’inconnu, je ne fus pas effrayée de retenter l’expérience. Puis ensuite de partir dans des pays étrangers, en camps itinérants, avec tentes et duvets sur le dos, aussi je ne regrette pas cette première colonie de vacances, qui m’a permise de m’ouvrir au reste du monde.

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Comme c’était la première fois que je fêtais mon anniversaire sans eux, mes parents m’envoyèrent cette carte avec un colis rempli de bonbons.

Sauterelles (Mexique)

Nous visitions Oxaca lorsque nous vîmes une curiosité propre au Méxique, Juste à l’entrée du marché couvert se trouvait un petit étal de sauterelles grillées. Le groupe de jeunes touristes français se forma autour de la vendeuse, accompagné de réactions plus ou moins bruyantes.

Un garçon du groupe, qui aimait particulièrement se donner en spectacle, mit en scène sont incroyable bravoure en goûtant une sauterelle. Le groupe retint sont souffle (enfin, la majorité du groupe) et attendit sa critique culinaire, qui était, je cite: «c’est pas mauvais, juste très salé». Une deuxième personne exprima alors le vœux de démontrer son courage en passant cette épreuve Ô combien dangereuse, puis une troisième, et une quatrième, et enfin le groupe dans sa quasi totalité (à part un membre particulièrement réticent et sceptique). Un moniteur acheta donc une sauterelle par personne. Les adolescents trouvèrent dans cet étrange rite de passage une occasion de créer des liens d’amitié plus forts, car en mangeant cette sauterelle, ils prouvaient leur appartenance Au Groupe. Les filles qui criaient de dégoût gobèrent leurs insectes, les peureux prirent sur eux et firent de même, puis étaient bruyamment félicité, leur courage reconnu eux yeux de tous.

Mes amis remarquèrent mon absence, et me repérèrent assez vite, me demandant si j’avais moi aussi mangé l’insecte. Je leur répondis honnêtement par un «non» las, auquel il rétorquèrent «Allez Ludivine! Tout le monde l’a fait!». Pourquoi les gens pensent-ils que dire «tout le monde l’a fait» est un argument valable? L’effet de groupe enlève-t-il tout le pouvoir de libre-arbitre? Mon refus catégorique était-il seulement l’effet d’une liberté illusoire produite par mon esprit de contradiction?
La seule chose qui importait vraiment à ce moment là était que personne ne me ferait jamais JAMAIS manger ce truc.
Ainsi je fut la seule à ne pas manger la sauterelle.

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Japon et maid café

Plusieurs maids étaient réparties sur le trottoir, à espaces réguliers. Mon amie Axelle prit un des prospectus que l’une d’elle tendait. Elle portait un costume de style samourai féminin assez court et un sabre en plastique dans son dos. Elle commença à nous parler, et bien évidemment aucun de nous ne compris ce qu’elle disait. Nous réussîmes tout de même à comprendre qu’elle voulait nous emmener quelque part, et déduisîmes que prendre le prospectus signifiait que nous voulions aller dans son café.

Comme aucun de mes amis n’étaient intéressé par les appareils électroniques, ils décidèrent que cela pourrait être intéressant de voir à quoi cela ressemblait (personnellement moi je le sentais pas trop). Notre petit groupe de quatre décida donc de suivre la maid. Nous primes une rue perpendiculaire au grand boulevard, puis nous primes une autre rue, beaucoup plus petite, prise en sandwich entre les grands bâtiments d’Hakiabara. Elle était sombre et déserte, mais nous continuâmes de suivre la maid quand même. Nous entrâmes dans un des immeubles et primes l’ascenseur, nous montâmes au cinquième étage. Les portes s’ouvrirent sur une pièce violette, deux torches en plastiques encadraient une imposante porte noire. La maid ouvrit les portes qui donnait sur une sorte de bar, les murs toujours peint en violet, ce qui donnait une atmosphère glauque à la pièce. Le bar était séparé de la salle de restauration par deux grandes portes coulissantes. Il n’y avaient aucun client à par deux vieillards assis au fond de la salle. Théo me tapota l’épaule et me montra ce qui était accroché à l’un des murs. Des mangas de filles nues. Beaucoup de mangas de filles nues. La maid nous parlait toujours, je la coupai le plus poliment possible pour lui expliquer en anglais qu’on ne pouvait pas rester. La tête qu’elle fit à ce moment là était digne du Chat Potté.

Mes amis, émus, proposèrent que l’on demande aux animateurs du groupe si on ne pouvait pas manger ici. Ce que je trouvai aberrant. La maid était très mignonne, certes, mais elle n’allait certainement pas m’avoir avec sa tête de chat potté (surtout que les prix étaient assez élevés). Après avoir résonné mes amis, j’expliquai brièvement à la japonaise pourquoi nous ne pouvions pas rester manger ici tout en commençant à partir, faisant passer mes amis devant moi. Une fois sortis, nous nous dépêchions de retrouver le grand boulevard, car être dans une rue aussi sombre dans un pays étranger fait toujours un peu flipper.

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Vietnam

S’il y a bien une chose que j’ai appris au Vietnam, c’est qu’il est rare qu’un vietnamien se déplace à pied. Si le trajet devait durer plus de cinq minutes en se servant seulement de ses jambes, il y a une forte probabilité qu’il y aille en moto.
J’ai passé deux semaines chez une correspondante vietnamienne à l’occasion d’un échange scolaire entre mon lycée et un lycée d’Hô-Chi-Minh-Ville.

Un soir, elle et moi avions rendez-vous avec les autres adolescents vietnamiens et français près d’un centre commercial, sa mère nous y emmena donc en moto, bien que les professeurs avaient formellement interdits aux élèves de monter sur ce genre de transports.
J’étais prise en sandwich entre ma correspondante et sa mère, je ne pensais pas que nous puissions tenir à trois sur le petit engin à deux roues. Nous étions continuellement prisent au milieu du trafic chaotique, prisent dans le flux continu de motos, de scooters et de mobylettes, dans leur brouhaha incessant, dans la lumières de leurs phares. Certaines ne passaient qu’à quelques millimètres de mes jambes.

Les dix premières minutes du trajet ont été les plus terrifiantes, je me disais sérieusement que j’étais dans une situation de mort imminente. Mon cerveaux bouillait de scénarios catastrophes sous le trop grand et trop léger casque Hello Kitty que ma correspondante m’avait prêté (je soupçonne qu’il était en polystyrène). Puis, comme rester dans un état pareil est assez fatigant (surtout au bout de dix minutes) j’ai essayé de me rassurer en me rappelant que je n’avais jamais vu un seul accident depuis que j’étais arrivée. Je ne sais pas comment une chose pareille est possible, j’avais l’impression que le code de la route vietnamien était presque non existant. Je me mis à observer les autres conducteurs, je vis passé une moto avec cinq passagers, d’autres conducteurs me regardaient d’un air curieux, avec un sourire en coin, et je pris conscience à quel point la situation devait leur paraître étrange…

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Le fou rire

Nous arrivions au lycée vietnamien vers sept heure du matin, les professeurs français arrivaient toujours vers neuf heure. Nous devions donc attendre deux heures tous les matins, sans vraiment savoir quoi faire. Au début du séjour, nous pensions que nous pouvions nous occuper en assistant aux cours, mais comme nous ne comprenions absolument rien à la langue vietnamienne, nous abandonnâmes cette idée.

Je flânais donc sur un des bancs en pierre de la cours, à l’ombre d’un arbre, en tentant de profiter de la fraîcheur tant que je le pouvais. Mon amie Paola occupait le banc d’à côté. Nous parlions de tout et de rien, et je ne sais plus comment nous en vîmes au sujet des fruits, mais j’eus une importante révélation au milieu de cette discussion.
Paola m’avait appris quelque chose d’important. Une chose sur laquelle je m’étais trompée durant la totalité de ma courte vie. Jusque là, j’avais toujours appelé une mûre une myrtille et une myrtille une mûre. Toujours. Lorsque je m’en rendis compte, j’éclatai de rire sans pouvoir me retenir. L’écho résonnant entre les murs le rendait encore plus bruyant.

Je me trouvais tellement ridicule et bête, comme si ma vie avait été un mensonge, alors que ce n’était que des fruits. Au bout de quelques minutes, certains élèves se mirent aux fenêtre des salles de classe pour voir de qui provenait le fou rire incontrôlable, qui brisait le silence studieux du lycée.
Mon rire redoubla en voyant cela, et pour la première fois je pleurai littéralement de rire.

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(on peut voir le banc tout à droite en dessous du petit arbre)

 

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