rapport 1

Ecrire, et surtout publier sur le réseau des nouvelles est maintenant à la portée de tous (enfin, le petit milliard d’individus connectés) et ouvre de nouvelles perspectives littéraires. Si il fallait attendre la bénédiction d’une maison d’édition pour pouvoir être publié dans les circuits classiques, internet permet maintenant à tout le monde de devenir auteur, sans études ni pistons. Mais on peut se demander si la qualité suit ; si n’importe qui publie, est surtout publié tout et n’importe quoi… Sans l’aval de professionnels ni de critiques expérimentés, on peut avoir le sentiment d’assister au couronnement de l’individualisme le plus plat et la désacralisation de la Littérature. Si Maupassant et Hugo se retournent dans leurs tombes en lisant certaines des ces nouvelles internet, ce n’est peut être pas sans raisons. Tout le monde a quelque chose à dire et à raconter, mais si tout le monde est en capacité de le faire, cela ne veut pas dire que ce qui est publié mérite le moindre intérêt. Et pourtant, cela n’arrive pas de nulle part : si l’on peut considérer le monde de l’édition comme une être tentaculaire recroquevillé sur lui même, c’est qu’une certaine gangrène a fini par gagner cette entité : voir chaque année les mêmes auteurs publiés au moment des ventes d’été et rentrées littéraires (Foenkinos, Musso, Lévy…) en dit long sur la santé de cette industrie, et parler justement d’industrie n’est pas un  vain mot. Tout cela peut avoir sur le long terme lassé un public toujours avide de nouveautés. Même si de petites et vaillantes maisons d’éditions alternatives font face et se démarque (éditions Gaïa par exemple) cette initiative de publication sur internet semble être une bonne chose. Pouvoir écrire sur Twitter et de façon collaborative amène de nouvelles dynamiques quasi ludiques qui n’étaient pas possible du temps ou l’auteur était lu par la masse ; l’interaction était là à son minimum. Mais graçe aux contraintes de Twitter par exemple (140 caractères) la création littéraire retrouve un peu de ce dynamisme et cette vague nouvelle qu’avait instauré l’OULIPO, dans une certaine mesure. Peut être l’évolution démocratique de ce dernier : tout le monde peut participer sans cadre contraignant ni hiérarchie institutionnalisée. De nouveaux rythmes de lectures font surface, peut être plus en adéquation avec la vie moderne des gens connectés : pouvoir lire de façon décousu dans n’importe quel lieu, tout en participant à l’élaboration d’une nouvelle par exemple, est quelque chose de franchement novateur. Mais ce qui semble être le plus important c’est la liberté d’imagination offerte au nouveau lecteur : là ou la complexité d’une longue description étayé pas à pas guidait le lecteur, la nudité du récit court et connecté remet l’imagination du lecteur au centre de la création de l’imaginaire lié à l’oeuvre d’art. Et c’est peut être ce qui manque cruellement à une époque ou nous sommes bombardés d’images et de signaux qui en plus de lisser notre imaginaire, finissent par le tarir. Alors l’écriture instantanée et collaborative, une oasis dans le désert ? Peut être, mais pas sans dangers ni limites. Ériger la simplification à outrance et la déresponsabilisation de l’auteur comme nouveaux canons littéraires n’est peut être pas la meilleure idée qui soit…

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