Rapport n°3

Mireille Havet t naît le 4 octobre 1898 à Médan en Seine-et-Oise. Elle commence son premier journal en 1913, sur un bloc-note « Le Français », écrit tantôt dans le sens de la hauteur, tantôt dans celui de la largeur, au crayon à papier. La première entrée date du 9 mars, elle est à l’hôpital pour une opération de l’appendicite, la jeune fille a alors quinze ans. “Je suis triste. Cette journée a été triste. Triste et longue”. Puis, sur un deuxième carnet, le 12 août de la même année, “Je n’ai pas envie de parler. Je n’ai pas envie de vivre. J’ai envie de dormir et de rêver”. Peu à peu, Mireille Havet se fera moins bref. Mais le journal et le flux de l’écriture sont lancés. Si son journal commence comme celui de n’importe quelle adolescente, sujette à des passages de mal-être, à l’âge où ses condisciples commencent elles aussi le leur. Elle aura écrit pour la dernière fois le 29 octobre 1929.  Il compte dix-neuf cahiers, trois blocs notes et de très nombreuses feuilles volantes. Très vite, la disposition des mots va changer, avec beaucoup de retours à la ligne, saute aux yeux. La ponctuation, elle aussi, participe à la vivacité du propos. Très présente, elle donne au texte un caractère informel, proche parfois de l’oralité. Encore plus visibles, des poèmes, ou des ébauches de poèmes, sont encastrés dans le récit. A l’intérieur  du texte, apparaissent des nuances de style et de tons, trahissant différents types d’écrits assemblés dans le « journal ». Se succèdent tour à tour des remarques d’ordre général, sur le monde qui l’entoure, sur ses amis, sur sa vie, puis des interrogations plus intimes et métaphysiques, des récits de ses nuits avec ses amantes, des poèmes en prose.  L’auteur se livre à une véritable confession, elle tente d’extirper la moindre parcelle de ses sentiments pour les mettre au jour . La jeune femme, fortement imprégnée de romantisme, s’épanche auprès de son Journal, seul véritable témoin de son état de souffrance : « On trempe sa plume dans l’encre dont furent faits les mots de souffrances, les reproches, on ouvre ce cahier, de nouveau face à la page, cette diversion des solitaires, cette autobiographie, ce miroir » (J1, 27.08.19, p. 177).

 

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