Dans les champs de l’histoire de l’art, le sujet l’intime et l’intimité apparaissait depuis longtemps. En remontant à la première Renaissance, Alberti qui est grand humaniste de l’époque permet d’introduire la forme de l’intimité dans un tableau avec le sujet de la perspective. Depuis Alberti, la fenêtre est un symbole de la séparation de deux mondes (l’intime/le public) dans une toile, cela est révélé par exemple dans les tableaux de Vermeer.
La Laitière, Johannes Vermeer, v.1658
Qu’est-ce que l’intime dans l’art aujourd’hui ? Dans les années 60, les artistes essayent de supprimer les frontières entre l’art et la vie et de mettre en relation l’art et la vie, par conséquent la question sur l’intime est remis en cause.
Manon Giacone, artiste et photographe, intervient dans le cours portant une problématique comment inscrire la photographie intime dans l’art contemporain. S’inspirant de la vie quotidienne, des villages isolés et de sa ville natale qui évoque son enfance, cette artiste réalise son monde en forme de journaux intimes photographiques.
J’ai perdu mon enfance, Manon Giacone
Parallèlement au point de vue photographique de Manon Giacone, les artistes actuels tentent de montrer des évènements quotidiens et intimes avec leur perception subjectif et leur interprétation individuelle.
L’artiste Ben réalise ses oeuvres qui racontent simplement de lui. Cette expression est tellement innocente que nous avons l’impression de lire d’un journal intime. Christian Boltanski, Sophie Calle ou encore Joseph Beuys mettent toujours la préoccupation de l’exposition de soi au centre de leur travail. Il est aussi amusant de voir l’oeuvre de Roman Opalka qui aborde sous l’angle du journal intime.
Autoportraits, Roman Opalka
Roman Opalka, un artiste franco-polonais, depuis 1965, travaille sur le phénomène du temps.
“… ce que je nomme mon autoportrait, est composé de milliers de jours de travail. Chacun d’eux correspond au nombre et au moment précis où je me suis arrêté de peindre après une séance de travail.” dit-il Roman Opalka.
Ces successions de photographies en noire et blanc montrent le passage du temps sur le visage de l’artiste. Opalka prend chaque jours une photo de son visage après chaque fin de séance de travail protocolisé. Cet acte rituel et cette documentation de sa présence caractérisent une sorte de journal intime.
En s’appuyant sur la mémoire subjective, le souci de l’intimité demeure fortement aux artistes contemporains. Cette tentative des artistes afin d’approcher de l’essence de la vie et de la mythologie personnelle nous permet de réfléchir sur la question de frontière entre privé et public et la question d’identité.