Creation des romans 2017 rapport 1 : #poésie

#poésie

tweets en tant que haïkus contemporains

mes mots étaient encore là
raisonnant dans le web
j’étais déjà loin

(Ozon Bruno‏ @bruno_ozon  Apr 15)

Délirants, fragmentés, instantanés et improvisés. Créés à l’arrache, le plus souvent dans le métro, dans la file d’attente ou bien sur le canapé. Publiés immédiatement, sans corrections ni reconsidération. Une fois mis sur Twitter, ils commencent à circuler, dialoguer, à vire. Les tweet-poèmes, sans titre, précédés obligatoirement d’un hashtag, créés et publiés uniquement dans l’espace numérique, peut-on les comparer à des haïkus traditionnels?

I’m no longer accepting the things I cannot change

I’m changing the things I cannot accept

(Kenae Marilyn‏ @kenaexoxo  8.03.2017)

 

Comme si rien n’avait eu lieu

la corneille

et le saule

(Kobayashi Issa (trad. Munier) fin du 18 / début du 19e siècle)

 

Le caractère immédiat et improvisé des tweets peut être juxtaposé avec la volonté des poètes japonais de créer à l’instantané, de ne pas travailler le poème, mais au contraire, de le vivre et après de transmettre le sentiment éprouve tout de suite, directement.

Leur forme courte rappelle également celle de textes poétiques japonais datant du 17e siècle. Bien qu’il n’y ait pas de contrainte au niveau de syllabes (une règle très stricte dans le cas de haïku –  ils comportent traditionnellement 17 mores en trois segments 5-7-5), les tweets se composent d’une ou quelques courtes phrases (au maximum) et visent à être concises et brèves.

Once you write something down you can’t reverse ità propos de l’écriture collaborative filmee par Koki Tanaka

Très loin de l’approche des poètes publiant sur Twitter se trouve la pratique d’écriture collaborative du groupe des poètes japonais présentée dans le film de Koki Tanaka dans le Pavillon japonais lors de la Biennale de Venise de 2013, qui leur a lancé le défi d’écrire à cinq, au même temps, un poème sur un événement partagé.

Tout d’abord, la contrainte de base acceptée par les poètes japonais repose sur le fait de collaborer en écrivant, tandis que les publications sur Twitter restent toujours anonymes.

Deuxièmement, le collectif éphémère japonais travaille uniquement sur papier et même le choix du celui-ci est inclus dans le processus d’écriture. C’est notamment dans la dimension physique et graphique du texte que les écrivains décident de manipuler afin d’obtenir des effets surprenants et innovants. En revanche, les poèmes-tweets n’apparaissent que sous forme numérique et sont régis par la mise en page du site des réseaux sociaux.

Ensuite, expérimentent collaboratif ne ressemble guère aux démarches hâtives et instantanées des créateurs de tweets. Leur méthode de travailler le poème est discutée pendant les 10 premières minutes de la tentative. Les poètes prennent en compte toutes les façons possibles d’écrire un poème partagé afin d’en choisir une qui ne serait pas un déjà vu, mais qui représenterait quelque chose d’innovant.

Enfin, les poètes du collectif acceptent la modification et l’amélioration comme des étape naturelles et nourrissantes du processus créatif. Ils sont prêts à modifier le poème, à y ajouter des lignes et à en supprimer d’autres, ce qui s’oppose fortement au caractère inchangeable des tweets.

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