L’art post-Internet & l’influence des réseaux sociaux

Pour l’anniversaire des 30 ans de la création d’internet, il me semblait important de parler du courant post-Internet. On n’est jamais vraiment déconnecté : internet influence tout notre environnement et notre rapport à celui-ci, voilà le postulat de base du Post-internet.

En effet, l’utopie des débuts de ce système d’échange de données a laissé place à une certaine forme de réalisation et de désillusion. Pour beaucoup, qui ont vécu la création de la toile, son esprit initial a été détourné.

Le terme  post-Internet est apparu pour la première fois en 2008, à l’occasion d’une interview de l’artiste et curatrice new-yorkaise Maria Olson, qui s’est ensuite alliée aux artistes Gene McHugh et Artie Vierkant qui a fait paraître le manifeste The Image Object Post-Internet (2010), et a contribué lui aussi à théoriser le courant. Puisque c’est à la fin des années 2000, qu’une nouvelle génération d’artistes a examiné les conséquences du phénomène et pris conscience des mutations culturelles en cours, et ont commencé à envisager Internet non plus comme un simple medium, mais bien comme une entité dont plus personne ne peut se soustraire. 

De la même manière que le postmodernisme est né en réaction au modernisme en le réinterprétant, le post-Internet a fait de même avec le Net-art. Post-Internet ne signifie pas le temps « d’après » Internet, mais le temps « d’avec » Internet. Wi-Fi, Smartphones (cf. Photographie ci-dessous), réseaux sociaux : impossible depuis quelques années tracer aujourd’hui une ligne claire entre l’URL et l’IRL. Internet est devenu une part prépondérante de l’univers commun. D’où l’idée que le Net-art n’a plus vraiment raison d’être, puisqu’on ne peut plus distinguer ce qui est digital ou non.

 

Capture d’écran d’une fonctionnalité de l’application Google Arts & Culture qui propose de prendre un selfie et d’ensuite comparer avec une immense base de nones pour trouver notre sosie dans les œuvres de l’histoire de l’art.

 

Capture d’écran de post avec le hashtag #classicartmemes sur l’application Instagram

A la différence du Net Art, apparu au  milieu des 90’s durant la découverte fantastique du Net, le post-Internet n’est pas nécessairement digital. Tandis que le Net-Art désignait les créations conçues par, pour et avec le réseau Internet, l’art post-Internet crève l’écran, et s’infiltre dans les galeries et institutions culturelles.

Quel est le but du mouvement du post-Internet ? Est-ce une simple célébration du monde connecté d’aujourd’hui ? Avec par exemple des selfies Instagram accrochés en grands formats dans les galeries à la mode (cf. Photographie ci-dessous), ou au contraire y-at-il derrière, un discours salvateur sur la manière dont le net change notre rapport à l’art et aux images ? J’opterai pour la seconde option en faisant confiance à des artistes qui proposent des projets riche et controversés.  

Prise de vue de l’exposition « new portraits » de Richard Prince, dans la galerie de Larry Gagosian, en 2014

 Il est important de prendre en compte que le progrès technologique génère des évolutions comportementales et morphologiques chez les êtres humains, Internet a largement contribué à généraliser cet état. Les ordinateurs portables et les smartphones sont désormais des prothèses qui fonctionnent chez nous comme des organes supplémentaires, ou plutôt des « extensions de nous-mêmes », comme l’aurait dit McLhuan.

Ce sont les réseaux sociaux sur lesquels je me suis attardée ici. Car ils permettent à quiconque d’être constamment une représentation de lui-même. L’artiste Jaakko Pallasvuo nous montre que ces sites offrent le moyen de se construire de multiples identités et même de s’inventer un avatar.  Il y a donc bien une ambivalence dans ce courant entre progressisme, remise en question, et simple jouissance. Il y a comme dans tous les courants des artistes normés et des artistes qui dérangent, ces ceux-là qu’il va falloir suivre de près.

Capture d’écran de sa vidéo Reverse Engineering (2013) le représente sous différentes identités, filmé à la webcam

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