Tirer un trait

J’ai l’impression que la plupart des journaux intimes recueillent des histoires de cœur, écrire à une personne fictive peut nous aider à crever un abcès. Même si les publications internet sont visibles par tous je vais essayer “d’écrire à un journal”. Je vais donc tomber dans le cliché en écrivant ce qui va suivre.

Il y a bientôt quatre ans je rencontrais J, celle qui allait devenir ma petite amie pour un an. Quand elle mit fin à la relation je ne réagis pas, abasourdi par la nouvelle. Je suis resté dans un état de trouble pendant longtemps. J’ai rencontré d’autres filles au fil du temps, mais même si elles occupaient une plus ou moins grande partie de mon esprit, elles ne réussissaient pas à chasser J.
Au bout d’un moment elle aussi retrouva quelqu’un pour partager sa vie sentimentale. Quelques mois après elle s’en alla pour l’Autriche afin de continuer ses études ; mais ces obstacles avaient beau exister je ne pouvais pas l’oublier quand bien même je fréquentais C depuis un an. J’avais presque l’impression que c’était normal, mais cette obsession me pesait fortement. Je comparais cela à un doux poison, une chose qu’on aime mais qui fait souffrir d’une façon ou d’une autre.
Mais ça je crois que J ne l’a jamais su, je ne l’ai en tous cas jamais embêtée avec ça. Je voulais la laisser vivre tranquillement sans lui donner l’impression d’être un piège à loup attaché à sa cheville. Mais en même temps je crois que cela m’empêchait d’avancer, j’en avais marre de ne pas réussir à tirer un trait sur une histoire qui aurait du finir il y a longtemps.
Récemment mon esprit et mon cœur ont commencé à dériver vers une personne : N.
Je me disais que le monde s’acharnait sur moi : je sortais avec C, j’avais encore des sentiments pour J et commençais à en avoir pour N. Et j’avais l’impression que l’attirance était mutuelle avec N. Je saisis ce qui semblait être des déclarations cachées mais fis celui qui ne voyait rien. Dans ma tête c’était la tempête en permanence, je ne savais pas vers où je me dirigeais et comment cela allait finir.
Tout s’est éclaircit très récemment, j’ai réalisé que je ne ressentais plus rien pour C (nous ne nous voyions que rarement, ce qui ressemblait à une relation à distance), et que je ne pensais alors plus qu’à N.
J’ai rompu avec C, et suis désormais avec N. Mais ce qui a changé, c’est que depuis je ne pense plus à J, alors qu’elle m’a informé qu’elle était de nouveau célibataire ; il y a un an j’aurais sauté de joie, mais là cela ne m’a rien fait.
Je me sens de nouveau en paix, pour la première fois depuis longtemps, et je sais que ce sont les sentiments que j’éprouve pour N qui m’ont aidé à tirer un trait sur un passé tumultueux.

 

asylum

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