L’Amour des Gadgets

 

Narcisse, fasciné par son propre reflet dans l’eau, en devient paralysé et finit par se transformer en fleur. McLuhan, en se basant sur ce mythe, nous démontre que les hommes sont naturellement fascinés par les extensions d’eux-même faits par un autre matériau qu’eux.

Il y a depuis toujours des extensions, des prolongements de notre propre corps : On peut citer les vêtements (qui existent donc depuis toujours) qui peuvent représenter notre statut et notre personnalité, tout comme les avatars sur internet aujourd’hui qui engendrent les mêmes problématiques.

Malgré l’aspect pratique de ces prolongements (la voiture qui remplace la marche, le stylo pour coucher nos idées sur le papier …), une question fondamentale se pose : Ces extensions de nous-même nous améliorent-t-elles dans l’aspect de facilité, ou nous rabaissent-t-elles pour la même raison ? McLuhan a tendance à parler d’ « auto-amputation », car cette facilité nous amène a ne pas s’améliorer (Si la voiture existe, pourquoi courir ?) ; son message semble alors tendre vers le pessimisme, bien que cet aspect soit ancré dans notre nature.

Autrefois, cet amour des gadgets se réduisait à des choses fonctionnelles (voiture, cuisine, vêtements …) mais maintenant, avec internet et les applications sur les smartphones, ces « outils » s’appliquent sur des choses à priori moindres de notre vie. Par exemple, l’application smartphone « Paris-ci la sortie » permet de savoir où s’installer dans le métro pour atteindre au plus vite sa correspondance ou sa sortie. Au fond, qu’est-ce que cela change à part gagner au maximum 30 secondes de son temps de trajet ? C’est d’une utilité moindre, mais nous nous y soumettons malgré tout. Car oui, percevoir ou utiliser un prolongement de soi-même, c’est forcément s’y soumettre.

Autre que la remise en question de leur utilité, il y a naturellement la question du narcissisme, du rapport et l’exposition de soi.

Les avatars permettent de nous représenter sur internet. Mais qu’en est-il de cette représentation ? Est-ce vraiment nous ? Dans le même sens, cela nous aide-t-il a nous connaître, nous définir ? Ou au contraire, ne profitons-nous pas de cette virtualité pour se forger l’image de ce que nous aimerions être, et alors nous nous éloignons de la « vérité » ?

Nous pouvons notamment citer « Second Life », qui, comme le nom l’indique, permet de se créer une « seconde vie » sur internet. Nous pouvons personnaliser à souhait notre avatar, lui acheter (avec de l’argent réel) des vêtements, une maison … Certains, complètement addict à ce concept, préfèrent vivre dans une utopie d’eux même, à défaut de réalité.

Tout comme Narcisse, ces addict des gadgets, ne sont-il réduits à rien d’autre qu’une représentation pauvre d’eux même, qui n’est au final, même pas humaine ?

Ou ces applications ne seraient-elle qu’un prolongement de l’ennui ? …

This entry was posted in Rapport 1 17/10/2013. Bookmark the permalink.