Le téléphone portable dans l’espace public : France/Japon

Depuis une dizaine d’années l’utilisation du téléphone portable c’est démocratisé, dès son plus jeune âge on peut avoir accès à celui-ci aussi bien en France qu’au Japon.

Keitai est le mot raccourci pour Keitai Denwa (téléphone portable) au Japon, il s’agît dans leur culture d’un objet indispensable de la vie.
Pourquoi indispensable ? Parce qu’il ne s’agit plus seulement d’un simple téléphone.
L’utilisateur peut par son biais checker ses e-mails, surfer sur Internet, prendre une photo, vérifier les informations de trafic, réserver une place de concert, avoir accès aux réseaux sociaux en permanence… on peut aussi grâce au téléphone portable regarder la TV ou bien télécharger des chansons, applications etc… Il n’a plus le simple usage de servir à téléphoner mais devient un vrai ordinateur, lieu de communication à lui seul.

Les spécificités de ce média lié au corps, sont qu’il est utilisable n’importe où, n’importe quand et qu’il exige de son utilisateur et de son correspondant une redéfinition permanente de l’espace et du temps,
L’usage du mobile dans l’espace public facilite les secrets. La possibilité d’appeler en tout lieu autorise des attitudes visant à masquer son identité spatio-temporelle.
« Le « T’es où ? », « T’appelles d’où ? » est devenu partie intégrante des rituels de salutation dans les conversations, remplaçant le « Qui est à l’appareil ? » rendu obsolète par la personnalisation de l’outil. »

Comme partout, le téléphone mobile met réellement son utilisateur, lorsqu’il se trouve dans l’espace public : rue, marché, train, etc. ou même privé lieu de travail, famille, dans une véritable situation d’acteur . Nous devenons celui qui se met en avant, le téléphone prodigue un certain pouvoir, une sensation de prise de décision.

En France l’utilisation du téléphone portable en public est de plus en plus commune, en terrasse d’un restaurant, dans les transports, à la fac etc… On observe que les gens ne sont pas si pudiques et n’éprouvent pas de malaise à partager leur conversations téléphoniques aux regards des autres, ce qui pourrait rejoindre la démarche d’exposition de soi sur les réseaux sociaux.

Pourtant au Japon, quand il y a besoin d’utiliser le téléphone dans un espace public, les usagers parlent en se recouvrant la bouche d’une main et en laissant un faible espace. Ainsi, la voix est en partie bloquée et le bruit diminué. Il y a cette idée de culpabilité à parler dans un lieu public (ce n’est certes pas le cas de tous les japonais mais c’est une sorte de bon sens commun).

http://www.nippon.fr/fr/archives/912

Le portable véhicule l’idée, d’objet personnel; propre à soi, et il cristallise alors cette revendication d’autonomie, par exemple : en facilitant la transmission de secrets en dehors du regard de l’autre, dans l‘idée que nous sommes seuls à avoir accès à celui-ci, il favorise l’expression identitaire. Cette résurgence de l’intime dans l’espace public remet en cause les codes sociaux. Car en affichant son utilisation récurrente de l’objet téléphone portable, par des appels téléphoniques post sur les réseaux sociaux etc.. on met en avant sa vie privée.

Celui qui téléphone peut dissimuler qu’il est entouré de passants et simuler une relation interpersonnelle si ce n’est intime, en dehors de tout tiers extérieur, au risque d’être trahi par les bruits de fond.

http://omarkhayyam.blogspace.fr/2574991/Sociologie-et-communication-Le-portable-machine-a-communiquer-ou-instrument-de-controle-social/

Globalement, l’utilisation du téléphone portable dans l’espace public que ce soit au Japon ou en France affiche une part d’intime, l’usager communique avec des personnes extérieurs de la sphère où il est présent. D’une certaine manière il pose un voile, un secret autour de ses agissements mais pourtant montrent aux autres qu’il est en train d’échanger avec son téléphone. Cependant il y a une part de pudeur au Japon qui s’efface de plus en plus en France, les gens n’ont pas de difficultés à utiliser leurs mobiles ouvertement et à parler fort sans se soucier de l’autre, ce qui est beaucoup moins toléré au Japon.

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