Marshall McLuhan & medias

Le théoricien des communications Marshall McLuhan, cité comme le « prophète » du « village global ».

Marshall McLuhan a prédit l’invention d’Internet et est à l’origine de phrases célèbres comme « Le message, c’est le médium ». Il a élaboré entre autres les notions de « médias chauds » et de « médias froids ».

Il est passé à l’histoire ”pour deux idées”

La première est la formule selon laquelle «le média est le message», c’est-à-dire que le contenu importe moins que le contenant (les technologies que l’on utilise quotidiennement finissent, après un certain temps, par modifier la façon dont le cerveau fonctionne et, partant, notre perception). On peut penser au Web qui, sur le plan du contenu, donne accès à la culture mondiale, mais qui a surtout pour effet de fragmenter notre sens de l’attention et de ravager un sens culturel du temps et de l’espace. Nous créons des réseaux d’information complexes, mais ténus et fugaces, tout comme les communautés qu’ils servent

La deuxième idée est celle du «village global». Il s’agit d’une «métaphore pour dire que les technologies électroniques sont un prolongement du système nerveux central des humains et que ce réseau neuronal planétaire allait créer une métacommunauté floue, peut-être, mais quasi consciente et qui ne dort jamais». Cet avenir, qui est désormais notre présent, ne réjouissait pas McLuhan, selon lequel quand les gens sont trop rapprochés, ils deviennent plus sauvages, privés d’identité, abandonnés à la consommation de masse et portés à se retribaliser. Le penseur catholique craignait cette dissociation entre la vérité du monde et la description qu’en font les médias électroniques, porteuse, selon lui, de conflits et de guerres.

Ainsi, l’homme futur vu par McLuhan est un primitif mondialisé, qui vit dans un village global – un village, parce que les messages sont transmis essentiellement par canal auditif, donc à l’intérieur d’un espace non homogène et non mathématisable, comme l’espace mental collectif primitif ; mais un village global, parce que ces messages peuvent être véhiculés par les médias de masse. Une expérience, ajoute McLuhan, qui risque fort d’être assez terrifiante, parce que nous avons tellement pris l’habitude de penser l’espace homogène comme quelque chose à compartimenter qu’en face d’un espace hétérogène impossible à segmenter, nous allons éprouver une terrible sensation de régression vers « l’Afrique intérieure », c’est-à-dire vers la part de nous qui n’a pas évolué, la part qui ne s’est pas coupée de la nature.

Cela dit, le travail de McLuhan est, contrairement à l’image que certains propagandistes du « village global » ont voulu en donner, surtout centré sur la question technique des processus par lesquels les cinq derniers siècles ont vu émerger « l’homme typographique ». C’est avant tout un travail approfondi d’histoire des idées. Il souligne en particulier que lorsqu’une invention modifie significativement l’environnement où l’homme évolue au jour le jour, il faut une longue période d’assimilation avant que cette invention soit comprise, au sens de « prise dans l’esprit ». Pendant cette longue période, l’esprit est engourdi, paralysé par les incohérences entre les nouvelles conditions de la vie et les anciennes structures mentales, encore profondément ancrées dans les cerveaux.

McLuhan a formulé un message ambigu, porteur d’une espérance probablement non sue par lui, mais parfaitement entendue par certains de ses lecteurs : l’espérance que la planification et l’égalisation ne concernerait plus, à l’avenir, qu’une minorité dominante.

This entry was posted in Rapport 1 17/10/2013. Bookmark the permalink.